mercredi 11 juin 2014

Salta (et ses régions)

Je suis en train de lire un nouveau livre "Ce qu'il advint du sauvage blanc" de François Garde, comme à mon habitude je souligne, annote, gribouille quand un passage me plait ou non. Quand il me touche, me parle ou me fait réagir. Je vais vous partager un passage qui m'a particulièrement plus; "… Voyager est un métier, non un loisir. Je n'ai pas compris tout de suite, ni même la première année, la force et la justesse de cette remarque . Mais combien ensuite j'ai approuvé la valeur de cet aphorisme ! Il m'a fallu apprendre, humblement, à voyager les yeux ouverts, à me tromper beaucoup, à être trompé souvent, à perdre du temps pour en gagner, à rester immobile pour observer le mouvement de la vie. Vous même, qui avez voyagé plus et mieux que moi, savez tout cela, et savez également que chaque voyageur doit commencer comme apprenti : nul ne saurait faire l'économie de cette initiation."
Ce passage, qui se trouve au début du livre m'a particulièrement marqué. Je l'ai trouvé particulièrement juste. Et me suis dit que le partager avec vous, vous montre un peu plus ma vision du voyage. 
Voyager est un apprentissage permanent, un apprentissage de tous les jours, sur vous même, sur ceux qui vous entourent, sur les cultures et les valeurs. Voyager n'est pas toujours simple, car il engendre en vous une remise en question profonde de tout ce que vous avez pu croire juste ou vrai jusqu'à présent. Vos valeurs, vos envies, vos besoins se retrouvent bouleversés car vous vous ouvrez à de nouvelles perspectives. Le voyage vous change profondément.
Je suis un peu hors sujet je devrais plutôt vous raconter nos aventures, mais ne vous inquiétez pas j'y viens, en tout cas si l'envie vous prend de partager votre vision du voyage je serais ravie d'en parler avec vous…

Nous quittons Iguazu le dimanche 18 mai (anniversaire de ma soeur adorée) à 21h pour une dizaine d'heures de bus jusqu'à Corrientes, où nous avons prévu d'aller au parc naturel d'Iberia, florilège de faunes et de flores.
Nous arrivons aux alentours de 6h du matin, la gare n'est pas très rassurante, tout est fermé, nous allons de guichets en guichets pour nous renseigner de comment se rendre à Carlos Pellegrini (pour le fameux parc), après une multitude de "je l'ignore", "allez voir au guichet là bas", et autre non-réponse nous finissons par trouver un homme qui nous explique qu'il faut prendre un premier bus de 3h jusque mercedes, puis un autre bus qui nous amènera jusqu'au petit village. Mais qu'il ignore si à Mercedes les bus circulent tous les jours, il n'en est pas sur…
Bref, l'aventure… Nous décidons de ne pas tenter l'expérience, et de ne pas gâcher notre argent pour un bus qui n'existe peut être pas. 
Notre décision est de partir directement pour ce qui devait être la prochaine destination ; Salta ! Il y a un bus mais il part le soir à 18h. Nous avons 12heures à attendre… Sachant que nous n'avons pas vraiment dormi, la journée s'annonce interminable…

Après quelques minutes de réflexion, nous décidons de partir pour le centre. Nous fumons une cigarette pour nous remettre les idées au clair, quand un jeune homme nous demande si nous faisons la queue pour les taxis (nous prenons beaucoup de places avec nos sacs échoués sur le sol. Un réfutant, il entend mon accent et de là nous commençons à discuter. Il ne comprend pas vraiment ce que nous française faisons ici. Je lui demande des conseils, quel bus prendre pour se rendre au centre ville, nous finissons par partager un taxi. Un petite voiture grise pleine à craquer à cause de nos sacs respectifs. 
Avant de sortir du taxi il nous propose de venir déjeuner chez lui, on s'échange nos numéros, et nous continuons notre route, le chauffeur nous propose de nous montrer la ville en échange de 15 dollars, je lui réplique que 100 pesos sont largement suffisant, il accepte (ici c'est comme l'Afrique il faut savoir marchander un peu).

Le soleil se lève sur cette ville de 270 000 habitants la lumière bleu du petit matin devient dorée, les rayons du soleil luisent sur la mer. 



Le chauffeur est un peu bizarre, je sors de la voiture pour prendre des clichés de cette boule de feu qui s'élève au dessus de la mer. Je me suis toujours dit que les levers et couchés de soleil au dessus de la mer étaient les plus époustouflants. L'eau et le feu qui ne sont normalement pas asociales créaient ensemble un spectacle d'une rare beauté.


Quand je reviens pour remonter dans la voiture, elle a disparu… Plus de Marine, plus de taxi, rien, personne…. Je ne panique pas tout de suite, essaie de me raisonner. Je regarde partout, monte sur un muret pour avoir une vue d'ensemble, toujours rien. 
je cours d'un bout à l'autre.. "Marine aurait crié, m'aurait alerté, je n'ai rien, comment je vais faire" me dis je." 
Je vois au loin deux policiers, me met à courir comme un dératé, mon coeur bat la chamade. Au moment où j'arrive au niveau des policiers j'aperçois la voiture. OUF !
Je rentre, regarde Marine et demande pourquoi ils ont bougé sans m'avertir. J'apperçois qu'elle a sorti son spray au poivre (acheté à Iguazu en cas de problème). Nous demandons au chauffeur de nous déposer dans un café. s'en est trop… Il est étrange et vaut mieux ne pas prendre de risque.
Nous rentrons dans un petit café du centre, commandons un café et une media luna (qui est pour une fois délicieuse).
Nous y restons environ 5 heures, quand Hernan m'appelle et vient nous chercher pour aller déjeuner chez lui. Il est accompagné d'un ami. Il habite seul dans un petit appartement très mignon, nous mangeons des milanesas (spécialité d'ici, escalope très fine à base de viande de boeuf ou de poulet frites ou au four), nous les mangeons au poulet et frites. Hernan nous propose de prendre notre douche. Il est très intéressé par la France et nous pose une multitude de questions, nos habitudes, ce que nous mangeons…
Il est vite 17h et malheureusement nous devons partir. Pour une journée qui commença mal elle fut excellente.
Nous reprenons le bus pour 10h, je finis par m'écrouler d'épuisement.
Nous arrivons à Salta à 7h du matin, nous nous étions renseignées la veille pour les hostels,  nous avions vu qu'il y avait un Loki (hostel dont nous avions eu échos à plusieurs reprises, il y en 5 en amérique latine ; 3 au Pérou, un à La Paz et un en argentine qui est gratuit !), mais il se trouvait à 45 minutes de bus du centre de la ville… Un peu découragées nous nous laissons séduire par un représentant d'un hostel dans le centre qui propose une navette gratuite depuis la gare.
Nous y retrouvons les allemands rencontrés à Cordoba, ils sont sur le point de partir pour un road trip en voiture. 
L'accueil est très froid, l'homme qui y travaille ne se donne même pas la peine de nous montrer les lieux.
La cuisine est vetuste, il n'y aucun ustensile pour cuisiner… Seulement des marmites à la contenance démesurée et crasseuses comme il ne m'a rarement été permis de le voir, une épaisse couche de crasse nous décourage à toute tentative de cuisiner.
Nous partons sous la chaleur accablante en expédition.
C'est la première fois que nous nous sentons vraiment dépaysées ! La circulation me rappelle l'Inde, des coups de klaxons, les voitures ne prêtent aucune attention à ce qu'il se passe autour, mais seulement au fait de pouvoir être les premières dans ces rues étriquées.
De grands marchés couverts aux odeurs d'Afrique me replonge dans des souvenirs oubliés, les sacs d'épices émanent une odeur délicieuse, la viande en putréfaction sous la chaleur et les milliers de mouches autour de ces énormes morceaux de viandes, les couleurs des fruits et légumes biscornus que nous n'avons pas en France car le consommateur moyen préfère une pomme parfaitement ronde, une tomate totalement rouge ou encore une banane sans aucune tâche noir. Toutes ces imperfections me ravissent.
Pour le diner nous faisons de la soupe à l'oignon (soupe en poudre) et nous allons acheter des empanadas pour nous éviter de cuisiner.
Nous discutons avec deux bretons, qui vont vers le sud. Ils nous comptent leurs aventures péruviennes et boliviennes. Ils nous expliquent que l'altitude est difficile à gérer au début, brutaux maux de tête, impossibilité de se lever de leur lit… ( Notre première destination en Bolivie est Uyuni, ville à plus de 5000m d'altitude…) 
Nous nous étions jamais posé la question et ils nous effraient un peu. Ils nous donnent des conseils judicieux et nous allons nous coucher.

Le lendemain nous partons pour le Loki, 45 minutes de bus où nous rencontrons deux Danoises qui s'y rendent aussi.
Nous arrivons au milieu de nul part, l'endroit est entouré de montagnes. Il y a un grand bâtiment qui constitue l'espace commun, à l'extérieur une piscine et plusieurs petites maisons au loin sont les dortoirs.
Les lits son larges, les couettes blanches donnent l'envie de s'y lover.
Encore une fois nous retrouvons des têtes connues, deux Israeliens rencontrés à Iguazu, nous passons la soirée autour du feu, le froid s'est emparé du lieu, les flammes réchauffent toutes les âmes de ce lieu.
Le lendemain nous decidons de louer une voiture avec Eyal et Arad (les israéliens) et partons pour deux jours de road trip à travers la montagne. Il fait de plus en plus froid.

  
Après quelques heures nous nous arrêtons dans un boui-boui manger des Empanadas avec un rockeur Argentin, sa femme nous offre le dessert. Belle rencontre.

Eyal au premier plan, suivit de Marine et Arad

Les paysages sont spectaculaires et arides, le rouge de la roche se mélange au vert de la nature et aux nuages bas.





 A la nuit tombée  nous arrivons à El Cafayate petit village, le froid y est presque insoutenable. Nous dînons dans un petit restaurant loin de la place touristique, et rentrons regarder le dernier Game of Thrones tous ensemble.
Le lendemain nous repartons sur les coups de 10h, les rayons du soleil nous réchauffent. Nous ne pouvons pas prendre la route du retour car il y a des tempêtes de neige, la route n'étant que cailloux c'est impraticable et dangereux. Nous refaisons donc le même chemin mais cette fois ci sous le soleil. Nous nous arrêtons dans des endroits ignorés la veille. La magie des lieux nous laissent tous sans voix. Il y a des couleurs que nous ne pouvons pas voir dans notre nature Française.








Comme cet arbre, j'ai du m'y prendre à plusieurs fois avant d'être bien certaine que l'arbuste n'a pas été bombé à la peinture jaune
Nous arrivons au Loki autour de 17h nos copines danoises n'ont pas quitté le nid. La magie de cet endroit opère sur chacun, à l'origine tous là pour une nuit, au bout de trois, personnes n'a bougé.
La nuit est gratuite mais étant au milieu de rien les diners y sont "obligatoires".
Nous y rencontrons Patricio dit "Pato" qui va être notre compatriote de voyage pour les prochaines étapes de notre aventure et Martin son ami.
Cette nuit là nous faisons la fête jusqu'à tard dans la nuit, l'air est glacé tout le monde meurt de froid ce qui crée je pense l'envie de festoyer tous ensemble. Telle est de toute façon la réputation du Loki, bonne ambiance et fêtes endiablées. Le propriétaire des lieux est Allemand, tous les Lokis appartiennent à une bande de copains qui ont décidé d'ouvrir des auberges abordables un peu partout en Amérique Latine, une nouvelle auberge ouvrira ses portes d'ici peu à Buenos Aires, ça promet ! Ils ont réussi leur pari nous n'avons qu'une envie c'est de connaître les autres Loki.


Iguazu, terre magique !

Iguazu, ce nom ne vous est certainement pas inconnu… Une des plus belles oeuvres de la nature, nous en avions tellement entendu parler que nous avions peur d'être déçues. Il arrive souvent que votre entourage vous parle d'un film extraordinaire, d'un lieu merveilleux… Vous en avez tellement entendu parler que vous vous étiez imaginé quelque chose d'encore plus grandiose, du coup la magie n'opère plus. Ca nous est tous arrivé au moins une fois… Un peu comme une chanson que vous avez écouté en boucle et que vous ne pouvez plus entendre car vous vous êtes lassé. Vous me suivez ? Alors Iguazu n'a rien avoir avec ça. Personne ne peut être déçu. C'est le fruit de la nature, ce qui rend le spectacle encore plus époustouflant, l'Homme a souvent tendance a détruire tout ce qu'il touche… Mais là tout est parfaitement préservé, vous n'avez même pas le droit de fumer. 
Le seul bémol que j'ai pu trouver c'est qu'autour de cette magie, le côté touristique a un peu trop été poussé. On se retrouve dans une sorte de Disneyland, où tout est excessivement cher. Mais bon cela fait tourner le pays…

Nous sommes parties de Cordoba à 13h et nous avons retrouvé Tom au terminal de bus.
21 heures de trajet nous séparaient des tant attendues chutes d'Iguazu ! Marine qui était malade a dormi les 21 heures de bus, tandis que je n'ai pas pu fermer l'oeil. Je priais secrètement que chaque secousses puissent la réveiller, tellement mon ennui était profond !
Nous sommes arrivées le lendemain à 10h, et nous nous sommes rendues dans l'auberge où Tom avait une réservation. Grand hostel, un peu trop cher à mon goût…
Pendant ces quatre jours nous avons fait de très chouettes rencontres, j'ai pu voir Manu (ou Binouse Man) pas vu depuis 3 ans ! Nous avons passé de très bonnes soirées en essayant de rattraper tout ce temps.
Nous avons donc trois ans maximum pour nous revoir…

Pour le reste je vous laisse admirer les photos, tous les mots du monde ne pourraient pas décrire une telle merveille…

(P.S en ce moment Iguazu est complètement inondé, personne ne peux y accéder nous avons eu de la chance !)

Ce petit animal à l'air gentil et mignon mais il n'en est point, très agressif quand il est question de manger... 



 Il y a des milliers de papillons dans le parc, qui viennent se poser sur vous afin de butiner le "sel" de votre peau.



Marine et son amour pour les serpents ! 



 GARGANTA DEL DIABLO 
l'une des plus belles merveilles que j'ai eu la possibilité de voir